Constitution – Histoire:Quant le gourou et son neveu faussent l’Histoire
Krmi Khémaies
L’évènement : des constituants ont protesté, ces derniers jours, contre la préface par le gourou Rached Ghannouchi, actuel président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’une édition de grand luxe en 3 volumes des débats en séances plénières sur la Constitution de 2014.
Concrètement, une lettre a été remise, le 2 octobre 2020, par des membres de l’Assemblée constituante au président de l’ARP dans laquelle ils contestent la publication du rapport des délibérations de l’ANC avec une préface qu’il a lui-même signée.
Ces mêmes constituants estiment que le gourou « n’a ni la légitimité historique ni la légitimité morale de préfacer le recueil des interventions et des travaux de l’ANC auxquels il n’a guère participé ».
La constituante Selma Baccar (cinéaste) est allée plus loin en dénonçant d’éventuelles manipulations des débats précités. Ces manipulations seraient perceptibles à travers des contre vérités historiques publiées dans cette édition.
Ainsi, fidèles à leurs sales habitudes de faussaires, le gourou Ghannouchi et Habib kheder, son chef de cabinet, jusqu’au mois d’août dernier, et ancien rapporteur général de la Constitution tunisienne de 2014, auraient faussé l’Histoire et orienté, délibérément, les débats en faveur des approches et idées des constituants de la secte d’Ennahdha.
C’est un peu les retouches malheureuses ou heureuses qu’apportent les metteurs en scène dans les studios avant la projection des films dans les salles
Pourtant cette œuvre de numérisation des débats en plénière de la Constituante de 2011 et leur publication est un ouvrage de haute valeur stratégique, et pour la Tunisie et pour le reste des jeunes démocraties dans le monde.
Consciente de l’intérêt que représente cette numérisation des débats en plénière de la constituante, la fondation allemande Hans Siedel, qui a financé et supervisé, au plan technique, l’édition, aura ainsi contribué, plus qu’une autre partie, à l’enregistrement, au classement et au catalogage numériques d’une partie de l’Histoire de la Tunisie contemporaine. Mieux, la Fondation a traduit cette publication en plusieurs langues dont l’allemand, et ce, en vue d’enseigner le modèle de démocratie tunisien dans les universités.
Espérons que l’édition définitive des travaux d’élaboration de la Constitution, autre projet en cours de finalisation par la Fondation Siedel, ne sera pas aussi manipulée et instrumentalisée à des fins nahdhaouies, voire intégristes.
Cela pour dire, que les députés laïcs qui ont participé aux débats sur la constitution de 2014 étaient dans leur droit de protester contre les abus des faussaires de l’Histoire et de les poursuivre en justice, s‘il le faut. Il y va de la crédibilité de notre mémoire collective.
Fin
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