Quant un ministre tunisien force le respect du FMI
Par Krimi Khémaies
Une fois n’est pas coutume. Le Fonds monétaire international (FMI), qui s’est constamment plaint, dix ans durant, des tergiversations des gouvernements tunisiens, et à la limite, de leur incompétence criante, vient d’adresser, le 8 septembre 2020, par l’intermédiaire de son directeur du département du Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, Jihad Azour, une lettre écrite de félicitation à l’ancien ministre tunisien des Finances, Nizar Yaïche.
On y lit notamment : « A un moment où l’économie tunisienne faisait face à des défis importants, et tout particulièrement avec une pandémie de Covid 19 faisant des ravages dans l’économie mondiale, vous avez su réagir vite pour faire face à ce choc économique sans précédent pour la Tunisie. Ceci nous a permis notamment de mettre en place, ensemble, en un temps record, un Instrument de Financement Rapide, le premier dans la zone MENA et avec un doublement de son accès aux ressources du FMI ».
Et Jihad Azour d’ajouter : « Dans les mois qui ont suivi, nous avons particulièrement apprécié la facilité de communication entre nos équipes et les échanges fructueux que celle-ci a permis dans de nombreux domaines, tout autant que votre volonté de moderniser l’administration tunisienne et les politiques publiques en Tunisie, dans des conditions difficiles…”.
Par delà ce satisfecit que le FMI adresse d’habitude à un gouvernement et non à un ministre, il faut reconnaître que Nizar Yaiche, en dépit de la courte période qu’il a passé à la tête de son département, a marqué les esprits par le fait qu’il était un des rares ministres à avoir une véritable vision des réformes à engager pour restructurer l’économie tunisienne.
Point d’orgue de ses manifestations en public : sa « self interview » qu’il avait diffusé sur le site de son département et dans laquelle il avait développé les réformes qu’il comptait entreprendre.
Succinctement, il s’agit de booster l’investissement privé et public, de baisser la pression fiscale à partir de 2021, de formaliser l’économie informelle, de lutter contre l’économie de rente (le profit protégé), d’améliorer les prestations administratives à travers notamment, la digitilisation.
Personnellement, je ne connais pas le jeune ministre mais j’ai défendu bec et ongles sa reconduction dans le gouvernement Mechichi, oubliant, hélas, que ce pays ne reconnaît pas la compétence.
Nizar Yaiche est une compétence patriote et sûre. Il gagnerait, à notre avis, d’être récupéré par la présidence de la république.
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